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Une tonne par jour ? Non, par heure !

9 Novembre 2009, 10:45am

Publié par Miss pas touche

Si vous êtes caissière, vous le savez déjà qu'à chaque journée de travail, vous portez, poussez, tirez, soulevez de sacrées quantités d'objets et d'articles hétéroclites.
Vous savez que lorsque le crépuscule pointe le bout de sa nuit, vous avez tenu au bout de vos bras plusieurs tonnes.

Si vous êtes client, vous voyez bien lorsque vous sortez du magasin avec tous vos sacs de course sous le bras (sacs toujours trop lourds) jusqu'à votre coffre de voiture, puis à votre domicile qu'ils dépassent allègrement plusieurs kilos, voir plusieurs dizaines (!!!).

Oui, j'en ai déjà parlé sur ce blog il y a longtemps, mais cette piqure de rappel ne me paraît pas superflue, je dirai même importante.

Pour remettre un chiffre que j'ai déjà évoqué et d'après mes propres estimations faites lorsque je travaillais en caisse (ce sont donc mes chiffres calculés en faisant une moyenne de ce que je soulevais en caisse par heure).

En caisse, on soulève près d'une tonne d'articles PAR HEURE (dès que le rythme de travail s'accélère un tant soit peu).

Ecrit noir sur blanc, annoncé pourtant clairement dans les médias, j'ai remarqué que très souvent, les gens déforment et transforment ce chiffre en une tonne par jour.
Comme s'il était difficile au cerveau humain d'accepter cette réalité.
Et lorsque je me permets de rectifier cette erreur, soit la personne n'entend pas, soit elle ne parvient pas à comprendre.
Et pourtant...

Alors, ne nous étonnons pas si les corps de bien des employés s'usent au bout de quelques années, ne soyons pas surpris de voir des grimaces visibles lorsque pour la centième fois depuis le matin, l'employée doit pousser un pack de 10 kg et qu'elle tire sur son épaule qui se fait ressentir à chaque geste un peu trop violent.
Ce constat, il n'est pas que pour les employé de caisse, loin de là. Dans tout métier manuel, tout métier répétitif, exercé depuis des années on arrive à un constat similaire : le corps s'use à force de répéter les mêmes gestes inlassablement. Demandez donc à une secrétaire qui tapait sur les anciennes machines à écrire (vous savez, celles qui demandaient de sacrés efforts aux doigts pour parvenir à enfoncer chaque lettre) comment sont ses mains : usées par la répétition des gestes, les articulations des mains sont douloureuses, fatiguées et ne répondent plus très bien.

Aujourd'hui, des organismes tentent de rendre moins pénibles ces manipulations.
Un résultat est visible depuis septembre dans diverses grandes surfaces (et que j'espère voir de plus en plus nombreuses !). On peut voir des affichages en caisse mentionnant :
« En caisse, les produits de plus de 8 KG restent dans le chariot »



L'information commence à circuler et le public paraît assez sensible à cette démarche.
Rien d'obligatoire ni de général dans cette recommandation de l'Assurance Maladie, mais avant d'imposer mieux vaut proposer. Il est de petites actions qui, si elles sont répétées par tout le monde, changent beaucoup pour la personne qui bénéficie de la somme de ces micro-changements.

Et puis, au final, tout le monde y gagne : l'hôtesse de caisse qui manipulera beaucoup moins de gros articles (imaginez deux secondes ce que c'est que de soulever en 6 ou 8 heures de travail 100 packs d'eau de 9 kg chacun... sans compter tout le reste) mais aussi le client qui aura moins d'articles à sortir et à remettre dans son caddie, sans oublier une facilité de rangement après le scannage de ses articles (parce que... évidemment... les packs d'eau sont au fond du chariot avant le passage en caisse et sont donc posés en dernier sur le tapis de caisse et seront logiquement remis après tous les autres articles).

Ce que j'aime particulièrement dans cette mesure, dans cette proposition, c'est que pour une fois, c'est un geste altruiste que l'on demande aux gens, fait pour penser aussi aux autres.

Vous souvenez-vous de la campagne de la Sécu autour des TMS (Troubles Musculo Squelettique) ? Il y avait eu plusieurs spots dont celui que je vous présente ci-dessous qui a une sacrée résonance pour bien des caissières :
Troubles musculo-squelettiques en caisse

La réaction lors du premier visionnage d'un de ces spots publicitaires est toujours la même : le spectateur rit (ou sourit) de cette situation et trouve cela très incongru de voir un "cri" sortir du corps. Après cette première réaction, un malaise s'installe : on a tous des douleurs causées par des gestes répétés et cette métaphore du cri à l'endroit où on a mal résonne pour nous tous...



Ticket de caisse bis : le concours dure encore quelques jours, le chiffre exact n'a pas encore été trouvé (même si certains d'entre vous sont très proches...).
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