vos histoires de caisse (29) - spéciale côté clients
Une petite envie de remplir votre caddie dans votre supermarché préféré ?
Et si au passage, vous preniez quelques minutes pour observer vos contemporains derrière leurs caddies, vous pourriez bien rencontrer ces quelques situations : sens de la répartie, leçon d'humanité, les grandes surfaces sont un lieu social bien vaste...
J'ai reçu cette contribution de la part de Béatrice il y a déjà quelques mois...
Cette lectrice avait écrit ces textes après la lecture des "tribulations" en se mettant du côté cliente.
Et si au passage, vous preniez quelques minutes pour observer vos contemporains derrière leurs caddies, vous pourriez bien rencontrer ces quelques situations : sens de la répartie, leçon d'humanité, les grandes surfaces sont un lieu social bien vaste...
Pascal Il y avait du monde à attendre en caisse, j'arrive avec mon caddie et attends mon tour pour passer. Une cliente sans doute particulièrement pressée me passe devant sans un mot, simplement au forcing. Moi : - Non mais, faut pas vous gêner ! Elle me lance : - Ah, mais ici, c'est la jungle et je passe si je veux. Et moi de répondre : - Ah bon ? Alors, c'est vous Sheeta ? Elle est repartie comme elle était venue... |
Elise Le vendredi soir, je fais toujours mes courses dans un petit supermarché avec ma fille autiste. L'essentiel pour nous est de faire nos courses le plus discrètement possible et que tout se passe au mieux en caisse. Ce jour-là, en même temps que nous il y a dans le supermarché un papa avec sa fille d'une dizaine d'années avec un léger handicap mental. Le papa n'est pas à l'aise, il n'a pas l'habitude des regards en coin, des commentaires. Nous arrivons en caisse après lui, il y a juste une femme d'une cinquantaine d'années entre nous. Sa fille parle très fort, elle est de très bonne humeur et raconte tout un tas de trucs qui me font rire, elle gesticule beaucoup. Le papa est complètement décomposé et lui fait de grands signes pour qu'elle se taise. Moi, pour une fois, je suis sereine, ma fille est très calme et attend patiemment. La femme d'une cinquantaine d'annéesse penche vers moi et me chuchote : - Je crois bien que la gamine qui est avec son père est cinglée ! Et là, je me penche à mon tour vers cette femme et lui dit tout haut : - Vous êtes cernée, ma fille aussi est cinglée. Petit moment de jubilation, la femme ne sait plus où se mettre et essaye de trouver du soutien auprès des autres clients. Je rassure le papa en lui expliquant tout haut que nos filles différentes perturbent un peu la clientèle. La caissière ne peut certainement pas se permettre de prendre partie, mais elle sourit à nos filles et s'adressent à elles ! |
Ophélie C'était en plein mois de janvier. J'attendais patiemment à la caisse avec ma mère car la caissière avait un problème avec un jeu vidéo. Après 10 minuts d'attente ma mère me tapote dans le dos et me dit "regarde". Je tourne alors la tête vers ma droite et me rends compte qu'un homme était en train de déballer son chariot. Ce n'est pas le fait qu'il déballe mais plutôt ce qu'il déballait, il y avait au moins une cinquantaine de paquets de serviettes périodiques. J'étais sidérée et euphorique à la fois comme tous les autres clients qui observeraient la scène. Mais bien sûr la gêne se lisait sur le visage de cet homme pendant que tous s'esclaffaient. c'est alors que ma mère a osé élever la voix et a dit, en fixant un des clients : - Vous l'auriez fait vous ? Quand je repense au regard que cet homme a coulé vers elle, il était empreint de gratitude. Mais personnellement , je n'ose et n'oserai surement jamais faire ce qu'il a fait. Je mets toujours ces articles au fond du caddie au milieu afin que personne ne les voient et à la caisse, ils se retrouvent souvent en dessous des chips ! |
Emily Je suis passée aux caisses "scan-express", où l'on doit scanner ses articles à l'aide d'une petite scannette au fur et à mesure qu'on met nos articles dans le caddie et où l'on donne simplement la scannette à l'hôtesse de caisse. C'est ce que j'ai fait : pas de relecture, tous mes articles restent dans mon sac que j'avais rempli à la va-vite tellement il y avait de monde dans le magasin. En relisant le ticket de caisse, je me suis rendue compte que j'avais oublié de scanner un article dans la hâte : je passe donc à l'acceuil régler cet oubli. La demoiselle de l'acceuil m'a alors expliqué qu'elle ne pouvait pas encaisser d'argent à cette caisse-là, m'a félicitée de ma démarche "très honnête" et... m'a fait cadeau de mon paquet de beurre! - Prenez votre beurre, je vous l'offre! Je n'en reviens toujours pas et remercie encore cette demoiselle de son geste généreux. |
J'ai reçu cette contribution de la part de Béatrice il y a déjà quelques mois...
Cette lectrice avait écrit ces textes après la lecture des "tribulations" en se mettant du côté cliente.
Les Tribulations d’une cliente de supermarché
Suite aux tribulations de la caissière, la cliente se devait bien de raconter ses propres aventures. Je m’appelle Béatrice, j’ai un diplôme universitaire de littérature et quelques années d’expérience dans les rayons d’un supermarché. La recherche des articles
Je vais toujours dans le même supermarché, vous comprenez les habitudes. Il faut bien que je puisse faire mes courses rapidement. En plus, comme j’ai choisi le soutien scolaire pour payer mes études, j’ai la joie de finir, généralement, vers 20 heures. Fatiguée d’avoir essayé de faire comprendre à une élève de première en quoi il était drôle que l’avare de Molière porte « une fraise à l’antique » en passant par une comparaison avec Astérix pour revenir aux seules bases qu’elle comprenne, il faut bien que je puisse rapidement trouver de quoi manger le soir même avant de réenchaîner sur une journée cours-soutien-dodo. Alors, je débarque dans le supermarché de mon quartier. Mais, malheur à moi, la direction a, visiblement, eu l’idée de réagencer les rayonnages. S’en suit une quête désespérée des quelques produits qu’il me fallait pour ce soir. Je cherche de la crème fraîche, bon je trouve les yaourts ça doit être pas loin. Eh bien, non, le rayon s’arrête sur de la faisselle, il y a d’autres rayons réfrigérés là-bas, ça doit être là. Jambon, lardons, croque-monsieur, saucisses en tous genres… bah, non, ça n’est pas là non plus… Peut-être je n’ai pas bien regardé le rayon des yahourts, j’y retourne par acquis de conscience, j’arpente de nouveau le rayon toujours rien. Bon, un peu lasse et pour en rajouter à tous les pas que je fais aujourd’hui pour aller de cours en cours, la meilleure solution me semble être d’arpenter méthodiquement les rayons un peu par un… La technique finit par être payante. En effet, la crème fraîche se trouvait derrière les croquettes pour chiens et chats. Logique ? euh… je sais pas, mais bon l’essentiel est d’avoir trouvé ! Maintenant, il me faut des filtres pour ma cafetière, ça me semble pas bien compliqué, près du café, ça, c’est gagné d’avance… Eh bien, pas tout à fait, pas de filtres… il n’y en aurait plus ? bizarre quand même… Mais, où peuvent être les filtres dans un supermarché ? Près des cafetières ? Pffff, elles sont à l’autre du magasin, l’alimentaire et les appareils électroménagers occupant en général les deux extrémités du bâtiment qui abrite le temple de la consommation. Ouf, ils sont là… Vive la réorganisation méthodique des supermarchés ! Les produits en promotion
En tant qu’étudiante, il est vrai que souvent je saute sur les produits en promotion, produits souvent au bord de la date de péremption, mais bon on va les manger
rapidement, il n’y a pas de raison qu’ils ne soient pas mangeables, et puis les industriels mettent de bonnes marges pour ne pas avoir d’ennuis… en fait, je n’en suis plus tout à fait
sûre… Le poulet : chouette, un poulet à trois euros, je vais le faire cuire ce soir, on en mangera encore demain midi, c’est une bonne affaire, deux repas pour deux pour deux jours, ça vaut le coup. Sauf, une fois l’emballage ouvert. Une odeur immonde se répand dans mon appartement, je crois qu’il faut le rendre, je le mets dans un sac plastique, je retourne au supermarché, seulement un quart d’heure après mon achat, je supporte le regard des clients qui se retournent en grimaçant sur mon passage. Bon, le seul point positif, c’est qu’une fois arrivé à la caisse centrale et face à l’odeur, on n’hésite pas à me rembourser. Les bonnes affaires, euh, faut voir, c’est peut-être juste le moyen de se mettre au régime, il faut marcher pour aller le rendre, et une fois rentré chez soi, on a plus faim, l’odeur est tenace ! La caisse prioritaire
Je n’ai aucune raison d’être prioritaire, mais bon, c’est vrai quand il n’y a personne, je suis prête à aller à cette caisse, tout en assumant le fait que je doive
laisser ma place si quelqu’un a besoin de passer avant moi. Sauf qu’on peut me le dire poliment. Entre la personne, tout à fait vive, qui brandit une carte en disant : « j’ai le droit de passer avant vous », alors qu’en vous le demandant, tout à fait, poliment, vous auriez, bien volontiers, accepté de la laisser passer. Entre, la grand-mère qui vous donne un bon coup de coude dans les côtes pour prendre votre place. Entre la personne en fauteuil roulant électrique qui vous roule sur les pieds avec son engin de 180kgs pour bien vous faire comprendre qu’elle a le droit de passer avant vous, je crois que je vais définitivement abandonner cette caisse. La conversation des caissiers
Parfois, c’est vrai les clients ne sont pas aimables, et moi aussi, parfois, j’ai répondu au téléphone à la caisse, parfois aussi, j’aurais peut-être pu être
davantage souriante, être moins râleuse quand c’est le mauvais prix qui passe à l’écran. Peut-être, en effet, que j’ai eu trop tendance à oublier que la caissière ou le caissier n’était
pas invisible. Mais, parfois, c’est le client qui semble invisible quand deux caissiers côte à côté discutent ensemble. Quand, ils parlent des vacances, c’est sympathique, on se dit que c’est bien normal, que c’est l’été et la période des congés pour tout le monde. Mais, il y a des conversations quelque peu, plus embarrassantes. Le récit des derniers exploits sexuels du week-end par exemple ou une discussion bien surprenante sur la sodomie. Là la cliente gênée que je suis se demande, d’abord si elle a bien compris puis en voyant l’air gêné du caissier qui écoute, elle se dit que non, elle ne rêve pas et finit par regarder ses chaussures. Et aussi, la cliente attend parfois en vain le machinal « aurevoirbonnejournée » qui n’arrive pas. Une fois, je le dis, deux fois je me répète, trois fois j’hausse un peu le ton, au final j’abandonne. Le caissier dragueur
Avant quand je faisais mes courses, il était rare que je m’habillais bien. Eh oui, on est déjà tirés aux quatre épingles quand on va travailler, quand on est en
famille, alors la journée des courses, c’était pour moi, aussi, la journée du relâchement. Alors je portais souvent des T-shirts basiques, achetés pas chers avec des inscriptions du
genre « Je suis parfaite » ou encore « 30% intelligente, 50% mignonne, 20% coquine ». Mais bon si le caissier pouvait éviter de me demander si mon côté coquin se
limitait seulement à 20% ça me ferait plaisir. Depuis, je m’habille plus avec ce genre de T-shirts. Un passage pivoine à la caisse m’a suffi.
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