vos histoires de caisse (20)
En cette période de rentrée littéraire, je pourrais bien vous parler de certaines nouveautés qui valent le détour, qui sont autant de romans à découvrir, à apprécier, autant de textes qui sont là
pour s'interroger sur nous-mêmes. Il y en a quelques-uns que je vais aller découvrir avec un véritable intérêt (comme Lacrimosa de Régis Jauffret qui m'intrigue beaucoup! - cf article du Monde) mais pour le moment, je vous laisse la place avec vos
nouvelles histoires en grande surface.
Marianne Toutes les semaines, un couple d'une cinquantaine d'années vient faire son "plein". Qu'il y ait une deux ou trois caisses d'ouvertes, ce charmant monsieur et sa femme choisissent tout le temps la caisse de ma collègue. Prenant leur mal en patience, ils attendent leur tour patiemment... - Monsieur, madame bonjour. Grand sourire de ma collègue, petits échanges sur le temps, les prix qui augmentent... Rien de particulier à ça me direz-vous... Toutes les semaines, le même scénario. Jusqu'à ce fameux jour. - Monsieur, madame bonjour. Les formules d'usage... Et le hic... Le monsieur : - Dites moi, ça vous dirait de se connaitre un peu plus? Silence - Excusez moi, je n'ai pas compris. - Ne dites pas ça, ma femme ne vous plait pas ? Alors là, silence complet de la part de ma collègue dont le rouge monte aux joues mais qui continue tant bien que mal son travail - Vous êtes très aimable depuis des semaines et la façon dont vous nous regardiez, nous pensions que... - Excusez moi, mais là je pense qu'il y a un léger souci... Et le client franchement sans se démonter et surtout sans discrétion - Et ben nous pensions que vous étiez interéssée par une partie à trois !!! - Euh non...Vraiment pas. - Vous êtes sûre? Au cas où ma collègue aurait des doutes... Tétanisée par la honte et pas l'incroyable de la situation: - 98,20€ s'il vous plait. Encaissement, formule d'usage - Bonne journée monsieur, dame. Le client derrière mort de rire, ma collègue rouge écarlate. Fermeture de la caisse et pause obligée. Comme quoi, quand les hotesses de caisse sont trop gentilles, voilà où ça mène! PS:Nous n'avons plus revu ce charmant couple qui a dû aller "chasser" ailleurs... |

Marie Certains magasins semblent conçus pour rendre le client (moi en l'occurence) un peu dingue : les rayons sont complètement mélangés, avec les conserves à côté des couches-culottes par exemple. Résultat des courses : les clients qui n'ont pas l'intention d'acheter tout le magasin, mais seulement ce dont ils ont besoin, arrivent en caisse bien énervés... et la caissière a des chances de s'en prendre plein la tête. De plus, dans le supermarché en question, les caisses sont réparties aux deux extrêmités du magasin. Si elles sont suremcombrées à l'une des sorties, il faut repartir dans le labyrinthe des rayons dans l'espoir que les files soient moins longues à l'autre bout. Ce soir-là l'inverse se produit : du côté où je me présente, il ne reste qu'une seule hôtesse de caisse qui est justement en train de fermer. Le vigile me fait signe, donc, d'aller vers l'autre sortie mais l'hôtesse de caisse m'a vue. Elle me demande en souriant combien j'ai d'articles, voit que je n'en ai que quelques-uns. Et, toujours souriante, rouvre le passage devant sa caisse qui était déjà fermé, et me fait passer. Cela ne vous semble peut-être pas si incongru que ça. Pour ma part, j'ai été surprise de la voir réagir en vraie commerçante, prête à faire un effort pour le client dans la mesure de ses possibilités. J'aurais très bien compris qu'elle soit juste pressée de fermer. Et ça ne m'aurait pas tué de prendre le temps de retraverser ces f... rayons. Mais je profite de cette anecdote pour dire Bravo et merci aux hôtesses de caisse qui savent prouver ainsi qu'elles font un vrai métier, qui ne les transforme pas forcément en machines - quelle que soit la pression que leur mettent patrons et clients. |

Marie-Ange J'étais en caisse. Un client arrive, il portait autour de son cou un écriteau avec écrit dessus :
client Marc (souligné en rouge)
« Je ne possède pas la carte U et ne désire pas l'acquérir » Après l'avoir lu, je me suis dit, autant ne rien demander. Au moment de lui annoncer le montant de ses achats, il me dit - Vous ne me posez pas la question ? Je lui reponds - C'est écrit noir sur blanc alors pourquoi la poser ? Il me dit : - Posez-la quand même. J'ai sorti mon plus beau sourire et : - Avez-vous la carte U s'il vous plaît ? il me répond froidement - Vous ne savez pas lire ou quoi ? je lui repond gentillment - Bien sûr que si. sur ces mots, il me reèle le montant de ses achats et part sans même me dire au revoir. Il y a vraiment des cas... |

Christine Je suis hôtesse de caisse depuis une bonne vingtaine d'années. Il y a quelques mois, une cliente me dit : - Vous savez, je ne suis pas raciste envers les gens comme vous. Je m'étonne de cette remarque car je suis comme elle, rien visiblement ne me différencie de cette dame... - Pardon? - C'est vrai, je ne suis pas raciste envers LES GENS COMME VOUS !!! ... J'ai une amie qui fait la même chose que vous et pourtant elle a un BAC + 4 ! Elle voulait dire les CAISSIERES ! Elle n'était pas raciste envers les CAISSIERES... Et elle ne pouvait visiblement même pas prononcer le nom CAISSIERE ou HOTESSE. J'ai étouffé un fou rire et je lui ai répondu : - Mais pas de problème madame, ne vous inquiétez pas. Nous sommes comme vous, nous savons parler, écrire et même compter ! Cette dame était vraiment persuadée que les Hôtesses de caisse étaient uniquement des potiches plus ou moins jolies que l'on posait derrière une caisse... Je suis certaine qu'elle est encore fière de ce qu'elle m'a dit car nous devons lui faire pitié... |

Aurélie J'étais toute jeune, à peine 19 ans, et je travaillais dans un discount alimentaire... Le genre de magasin où les clients viennent faire leurs courses parce que ce n'est pas cher... Et où il faut bien économiser quelques part, sur les employés par exemple. J'ai été embauchée en tant que caissière réassortisseuse, c'est-à-dire que j'étais en caisse et quand il y avait des temps morts, je mettais en rayon et je faisais le ménage. Bien sûr, les caisses n'avaient pas de tapis roulant... et il fallait donc récupérer les articles, rares sont les clients qui nous aidaient : ils paient donc ils estiment qu'ils n'ont pas à vous aider... C'est ce que m'a dit un client! Comme j'étais la plus jeune et peut-être la plus patiente, on m'envoyait toujours certains clients, un couple de sourds-muets, très gentils, auxquels j'avais écrit sur des petits papiers le fameux « bonjour », « vous réglez comment », « votre pièce d'identité s'il-vous plaît », « merci ».... Ils passaient exprès à ma caisse pour que je leur "parle". Je devais aussi parler plusieurs langues: anglais et roumain (la fac, ça aide!!)... Bref, le discount alimentaire est un drôle de monde dans lequel les salariés sont souvent traités comme des machines avec l'habituel : - Ah bon, tu t'en vas maintenant ? Y'a du monde, tu restes encore un peu. et bien sûr, le "peu" n'était pas payé! J'ai changé de boulot depuis, et je peux dire que là où je suis je suis mieux considérée! Quant aux caissières, je suis toujours aimables avec elle, je n'oublierai jamais que j'en étais une moi aussi! |

Gulwen Le client est-il roi? Tout dépend de la façon de demander... Un jeune homme peu aimable passe à ma caisse à un moment calme de la journée. Après l'avoir encaissé, je regarde devant mon tapis : il allait partir en laissant son chariot à paniers (ces trucs métalliques à roulettes sur lesquels on peut poser deux paniers) en plein milieu de mon allée. Moi qui ne me démonte jamais et qui garde toujours un grand sourire dans toutes les situations, je lui dis : - Monsieur, veuillez remettre le chariot où vous l'avez trouvé s'il-vous-plaît. - Non, c'est pas mon boulot, puis j'ai pas le temps. - S'il-vous-plaît, il ne va pas rester en plein milieu, les gens ne pourront plus passer, veuillez le remettre où vous l'avez trouvé. De plus, vous passez devant c'est à côté de la sortie.. - Et puis quoi encore ? C'est votre boulot non ? Vous ètes payée pour ça. Ou demandez à un vigile, il n'a rien à faire lui ! - Non monsieur, je suis caissière et il n'y a personne de payé pour ranger les chariots, c'est à vous de le faire. - Mais des fois y'en a à la caisse qui trainent ! - Oui, ils ont dû etre laissés par des personnes pas malignes, car c'est au client de les ranger. - Quoi? Vous m'avez dit quoi? Je suis client moi! Sur ces mots, il part en laissant le chariot en plan. Vu qu'il n'y avait personne après lui, je ferme ma caisse et vais le ranger, et lui me regarde à travers la baie vitrée en rangeant ses courses dans sa voiture. Pendant ce temps, une collègue compatissante me fait part de son avis, comme quoi c'est inadmissible de se comporter comme ça. Je retourne à ma caisse Quelques instants plus tard, le type revient en trombe pour m'insulter, me dire que c'est "pas à lui de ranger ces merdes", qu'il ne vient pas passer le balai chez moi etc... Il a fallu que le vigile puis le directeur viennent pour le calmer et le faire partir. Meme si j'ai gardé ma cordialité et mon sourire tout le long, j'en tremblais encore de rage 1h après.
Autre scène. Une petite dame toute frêle, qui peine à ranger ses courses et qui a du mal à avancer discute un peu avec moi. (j'adore les mamies, la plupart sont très enjouées et drôles, pour peu que l'on prenne le temps de papoter avec elles!). Puis elle me demande d'une petite voix : - Dites moi mademoiselle, je ne me souviens plus où j'ai pris mon chariot, vous pourriez me dire de quel côté je dois le ranger? Personne après elle, je regarde si personne ne s'avance à ma caisse. - Ne vous embêtez pas, madame, je vais le faire, et passez une bonne journée. - Oh! mais vous ètes bien aimable ! Merci ! Merci beaucoup! Et bonne journée à vous! merci! Au revoir! Comme quoi, lorsque c'est demandé poliment, une caissière peut bien faire une bonne action hors contrat! |

Nathalie Je suis caissière dans un hypermarché et tous les jours nous recevons beaucoup de bons de réduction. Ainsi, dans les barquettes de margarine le bon de réduction se trouve à l'intérieur, donc quand vous le sortez, il est plein de margarine.... Et donc, une cliente achète sa margarine et me donne un bon de réduction plié en deux. Quelle ne fut pas ma surprise en le dépliant de découvrir qu'il était encore barbouillé de margarine, Logiquement, j'en ai eu plein les doigts, la cliente faisait comme si de rien n'était et me voilà en train de m'essuyer avec entrain car j'en avais évidemment mis partout, les doigts, les rouleaux et le dessus de ma caisse. Ma cliente est partie sans me dire au revoir car elle a dû attendre que je lui rende sa monnaie après avoir nettoyé un peu, mais le fait d'avoir laissé la margarine ne l'avait par contre pas gêné du tout. Cela fait 20 ans que je suis caissière, mais "ça" c'est la première fois que ça m'arrive. Comme quoi... |

Coralie J'ai travaillé cet été dans un magasin de chaussures (en libre service). Comme le magasin est petit, nous n'avions qu'une seule poubelle (je parle des gros conteneur) et la patronne m'avait donc mise en garde sur le fait que beaucoup de clients ne veulent pas garder les boîtes de chaussures mais que malheureusement, je ne pouvais pas les accepter vu le manque de place. Un jour, pendant les soldes, un client arrive avec environ 4 paires de chaussures en me disant : - Sympa les boites. (enfin, c'est ce que j'avais compris) Et j'ai répondu : - oui oui, avec un sourire. Lorsque j'ai commencé à mettre les boîtes contenant les chaussures dans le sac, le monsieur s'énerve en me disant : - Mais, vous comprenez rien, j'ai dit : sympa les boîtes. À ce moment là, je le regarde en ne comprenant pas ce qu'il veut dire, un tour d'horizon sur les clients suivants qui ont l'air aussi surpris que moi... Bref je finis par comprendre qu'en fait il ne veut pas des boîtes. Je lui dis que je ne peux pas les garder. À ce moment précis, j'ai bien failli me prendre une claque! Je tente d'expliquer au monsieur que, lorsqu'il va dans une grande surface acheter un kilo de sucre, il emmène le carton d'emballage et qu'ici c'est pareil... En vain. Le client repart sans les boîtes qu'il m'a jeté à la figure. Dans l'après-midi, je le vois revenir. Il fait son tour dans le magasin et revient à la caisse avec 4 nouvelles paires de chaussures... Je décide de m'excuser pour ce qui s'était passé le matin et là, il me lance : - C'est pas grave, on peut pas en vouloir aux gens qui comprennent rien. ??? et si les clients apprennaient à s'exprimer correctement ??? |
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Ticket de caisse bis :
Les résultats du concours se font attendre, mais je vais devoir vous demander encore un peu de patience...
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