Déshabillez-moi jusqu'à la moelle
La caissière en plus des tâches habituelles d'encaissement, de figurante pour tapis roulants, de guichet automatique et autres rendus monnaies, rend aussi parfois service à ses collègues des
rayons. La caissière sait être multi-tâche (mais ne le répétez pas trop fort...).
J'occupais régulièrement le poste convoité d'encaisseuse manuelle (car oui, je prenais les pièces dans mes mains...) à l'espace culturel. J'avais la chance de non plus scanner petits pois, papier toilette et margarine, mais plutôt des produits culturels : le dernier livre de blague Carambar ou le Nothomb annuel, le nouvel album de M Pokora ou une compilation d'André Rieu et tout un tas d'autres articles aussi étonnants que passionnants (j'exagère quand même un peu parce que j'ai aussi découvert bien des trésors de derrière ma caisse et l'envie folle de découvrir de nouveaux auteurs dont les clients prenaient un livre particulier comme une friandise convoitée). Lectrice de BD acharnée, j'en ai aussi bien souvent profité pour jeter un oeil aux sorties et accessoirement exploser mon budget livre un peu plus souvent qu'à mon tour... mais quand on aime lire...
Bref, revenons à nos moutons et retournons bosser plutôt que de rêvasser.
Lorsque les journées sont plus calmes (ou même lorsqu'il y a plein de monde, mais là, on fait ce qu'on peut, on n'a que deux mains et un cerveau), les vendeurs nous demandent souvent un coup de main pour étiqueter, ranger, désétiqueter, reranger, appeler les clients pour leur annoncer que leur livre est arrivé (ou en rupture de stock) et rereranger.
Vous ai-je dit qu'on rangeait aussi de temps en temps ? C'est impressionnant d'ailleurs, on passe 5 minutes à remettre les piles de livres droites dans un rayon, on passe à celui d'à côté et lorsque l'on se retourne vers le premier, on se demande si une mini-tornade ne se serait pas abattue subrepticement dans notre dos. Et pourtant, même si on jette un oeil à droite et un à gauche, il n'y a personne... Bizarre... Bizarre...
Ceci dit, nous, de notre côté de la caisse, nous sommes toujours ravies de diversifier nos activités et lorsque le calme est plat et qu'il n'y a pas un client à l'horizon (voir même à deux mètres de la caisse...), on saute souvent sur l'occasion pour filer un petit coup de main aux vendeurs.
Et cet après-midi, le calme est particulièrement plat. Une des vendeuses devait me voir me morfondre derrière ma caisse, peut-être même prête à m'endormir (Hé, faut quand même pas pousser !). Elle me propose alors un tout nouveau boulot, une activité que je n'avais encore jamais pratiquée.
- Chouette ! Je vais apprendre un nouveau truc. Vas-y, explique-moi ce que je dois faire, lui dis-je pleine d'entrain.
- Super, regarde alors !
Elle me montre du bout de son doigt un tas de livres type Harlequin empilés sur une table à roulettes. Il y en a une bonne cinquantaine.
Au fur et à mesure qu'elle m'explique ma nouvelle tâche, mon visage perd tout sourire.
Et lorsqu'elle me montre la marche que j'aurais à suivre avec chaque exemplaire présent sur la table, mon coeur se tord. Le bruit du papier qui se déchire me fissure le coeur.
Les 50 bouquins étendus sur la table clinique attendent leur dernière opération avant de partir au rebus.
D'un geste brusque, il me faut prendre la couverture, la plier à l'envers et arracher en un mouvement sûr et précis les pages du livre.
À la fin de l'opération, il reste deux tas :
des couvertures
des feuilles remplies de signes encore maladroitement collées entre elles.
Oui, ce n'étaient que des Harlequins, oui ce n'est pas ce qu'on appelle de la grande littérature, mais détruire un livre de la sorte lorsque soi-même on aime lire... lorsque soi-même on aime carresser du regard les rayonnages des librairies, la chute est rude.
Le travail de bourreau achevé, je m'empresse de retourner derrière ma caisse et d'accueillir la cliente qui arrive avec ses livres sous le bras, ceux-là au moins ne finiront pas dans un tas de papier froissé.
Note 1 : pourquoi enlève-t-on la couverture du livre ?
Pour certains livres proposés en librairie, s'ils ne sont pas vendus, ils ne sont pas retournés au fournisseur, il n'y a aucun stock de ces livres qui ont une durée de vie très limitée. Et pour le libraire, la façon de dire à son fournisseur qu'il n'a pas vendu tous les articles est de lui faire parvenir un morceau du livre invendu (qui de toute façon sera détruit, au pilon). Et ce qui pèse le moins lourd, c'est la couverture.
Le libraire ne renvoie que la couverture et jette dans la benne à papier les feuilles imprimées qui seront recyclées.
Là où finissent beaucoup d'ouvrages...
Note 2 : C'est en lisant ce texte : Le pilon que j'ai repensé à ce que j'ai fait subir plusieurs fois à ces livres qui ne m'avaient rien demandé.
Note 3 : Mon livre sort dans tout juste deux semaines ! (et j'ose écrire un article où la caissière torture les bouquins ! ha ben bravo...)
Le prix définitif est enfin connu (il est temps me direz-vous...), il est à 15,50€. Je suis contente, le prix n'est pas excessif.
J'occupais régulièrement le poste convoité d'encaisseuse manuelle (car oui, je prenais les pièces dans mes mains...) à l'espace culturel. J'avais la chance de non plus scanner petits pois, papier toilette et margarine, mais plutôt des produits culturels : le dernier livre de blague Carambar ou le Nothomb annuel, le nouvel album de M Pokora ou une compilation d'André Rieu et tout un tas d'autres articles aussi étonnants que passionnants (j'exagère quand même un peu parce que j'ai aussi découvert bien des trésors de derrière ma caisse et l'envie folle de découvrir de nouveaux auteurs dont les clients prenaient un livre particulier comme une friandise convoitée). Lectrice de BD acharnée, j'en ai aussi bien souvent profité pour jeter un oeil aux sorties et accessoirement exploser mon budget livre un peu plus souvent qu'à mon tour... mais quand on aime lire...
Bref, revenons à nos moutons et retournons bosser plutôt que de rêvasser.
Lorsque les journées sont plus calmes (ou même lorsqu'il y a plein de monde, mais là, on fait ce qu'on peut, on n'a que deux mains et un cerveau), les vendeurs nous demandent souvent un coup de main pour étiqueter, ranger, désétiqueter, reranger, appeler les clients pour leur annoncer que leur livre est arrivé (ou en rupture de stock) et rereranger.
Vous ai-je dit qu'on rangeait aussi de temps en temps ? C'est impressionnant d'ailleurs, on passe 5 minutes à remettre les piles de livres droites dans un rayon, on passe à celui d'à côté et lorsque l'on se retourne vers le premier, on se demande si une mini-tornade ne se serait pas abattue subrepticement dans notre dos. Et pourtant, même si on jette un oeil à droite et un à gauche, il n'y a personne... Bizarre... Bizarre...
Ceci dit, nous, de notre côté de la caisse, nous sommes toujours ravies de diversifier nos activités et lorsque le calme est plat et qu'il n'y a pas un client à l'horizon (voir même à deux mètres de la caisse...), on saute souvent sur l'occasion pour filer un petit coup de main aux vendeurs.
Et cet après-midi, le calme est particulièrement plat. Une des vendeuses devait me voir me morfondre derrière ma caisse, peut-être même prête à m'endormir (Hé, faut quand même pas pousser !). Elle me propose alors un tout nouveau boulot, une activité que je n'avais encore jamais pratiquée.
- Chouette ! Je vais apprendre un nouveau truc. Vas-y, explique-moi ce que je dois faire, lui dis-je pleine d'entrain.
- Super, regarde alors !
Elle me montre du bout de son doigt un tas de livres type Harlequin empilés sur une table à roulettes. Il y en a une bonne cinquantaine.
Au fur et à mesure qu'elle m'explique ma nouvelle tâche, mon visage perd tout sourire.
Et lorsqu'elle me montre la marche que j'aurais à suivre avec chaque exemplaire présent sur la table, mon coeur se tord. Le bruit du papier qui se déchire me fissure le coeur.
Les 50 bouquins étendus sur la table clinique attendent leur dernière opération avant de partir au rebus.
D'un geste brusque, il me faut prendre la couverture, la plier à l'envers et arracher en un mouvement sûr et précis les pages du livre.
À la fin de l'opération, il reste deux tas :
des couvertures
des feuilles remplies de signes encore maladroitement collées entre elles.
Oui, ce n'étaient que des Harlequins, oui ce n'est pas ce qu'on appelle de la grande littérature, mais détruire un livre de la sorte lorsque soi-même on aime lire... lorsque soi-même on aime carresser du regard les rayonnages des librairies, la chute est rude.
Le travail de bourreau achevé, je m'empresse de retourner derrière ma caisse et d'accueillir la cliente qui arrive avec ses livres sous le bras, ceux-là au moins ne finiront pas dans un tas de papier froissé.
Note 1 : pourquoi enlève-t-on la couverture du livre ?
Pour certains livres proposés en librairie, s'ils ne sont pas vendus, ils ne sont pas retournés au fournisseur, il n'y a aucun stock de ces livres qui ont une durée de vie très limitée. Et pour le libraire, la façon de dire à son fournisseur qu'il n'a pas vendu tous les articles est de lui faire parvenir un morceau du livre invendu (qui de toute façon sera détruit, au pilon). Et ce qui pèse le moins lourd, c'est la couverture.
Le libraire ne renvoie que la couverture et jette dans la benne à papier les feuilles imprimées qui seront recyclées.
Là où finissent beaucoup d'ouvrages...
Note 2 : C'est en lisant ce texte : Le pilon que j'ai repensé à ce que j'ai fait subir plusieurs fois à ces livres qui ne m'avaient rien demandé.
Note 3 : Mon livre sort dans tout juste deux semaines ! (et j'ose écrire un article où la caissière torture les bouquins ! ha ben bravo...)
Le prix définitif est enfin connu (il est temps me direz-vous...), il est à 15,50€. Je suis contente, le prix n'est pas excessif.
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