On dit bonjour d'abord
Une règle de conduite fondamentale me fascine régulièrement. Quand j'étais petite, un des préceptes que mes parents m'ont inculqué et que j'ai toujours pris soin de suivre est de commencer par
dire bonjour à la personne qui est en face de moi et d'engager ensuite la conversation.
Un minimum de savoir-vivre.
Un minimum de considération pour mon interlocuteur.
J'ai toujours en tête cette phrase de mes parents : « on dit bonjour d'abord ».
J'ai appris, j'ai apprivoisé cette loi et je l'applique toujours.
Et puis, dire « bonjour », « merci » ou « au revoir » n'a jamais écorché la langue de quiconque.
Du moins, c'est ce que je pensais...
Je ne travaillais pas depuis très longtemps dans la grande distribution et je croyais encore naïvement que les personnes que je croisais étaient à peu près toujours agréables. Ha, la jeunesse nous berce de bien des illusions.
C'était un après-midi, une journée de dingues. Il y avait une foule de clients à n'en plus finir.
C'est une de ces journées où l'on comprend que notre travail est un travail à la chaîne :
Bonjour, scannage des articles, paiement, merci, au revoir.
Et hop, client suivant.
Cela devient complètement machinal, on se sent un peu abruti par l'exécution de ces mouvements mille fois répétés, ces paroles dites et redites qui perdent peu à peu leur sens mais je n'en oubliais pas pour autant ce principe essentiel du « bonjour ».
Et je me souviens.
Une femme passe avec sa fille. La mère apparaît tout de suite autoritaire.
Moi : Bonjour
Elle : Alors vous voyez, j'ai un bon de réduction
Moi : Bonjour
Elle : Et donc, je veux que
Moi : (je la coupe) Bonjour
Elle me lance un regard noir !
Moi : (je soutiens son regard - réponds sèchement certainement) On dit bonjour d'abord.
Oui, parole déplacée.
Oui, parole qui aurait dû rester au fond de ma gorge et surement pas passer la ligne fatidique de mes lèvres.
Car oui, La caissière ne doit jamais répondre au client.
Et oui, c'est un principe que nul employé de caisse (et de rayon) ne doit ignorer.
Oui mais voilà, cet après-midi là, ces gestes tellement mécanisés, abrutissants au possible m'ont doucement fait glisser vers une révolte intérieur où l'envie de garder ce statut d'humain face au client était devenue très forte.
Le silence des uns, les coups d'oeil assassins des autres qui ne supportent plus l'attente en caisse, les remarques cinglantes à cause de prix qui ne passent pas, et tant d'autres piques m'ont fait bouillir à petit feu.
Et cette femme, apparemment bourrée de principes, sa tenue vestimentaire et physique, sa façon de parler, sa fille bien sage... tout me portait à croire que c'était une personne qui avait appris à bien se conduire en société. Cette femme me toisait du haut de ses talons chics sans seulement prêter attention à la personne qui était en face d'elle.
Alors cette remarque que ma mère m'a bien des fois répétées est sortie. Sans réfléchir.
Évidemment, la cliente a été très vexée.
Évidemment, elle m'a passé un savon.
Évidemment, elle a crié au scandale en hurlant à qui voulait l'entendre que je l'avais humiliée devant sa fille.
Je vous passerai les détails sur la suite de cette histoire car là n'est pas l'important et n'ont aucun intérêt ici.
À partir de ce jour-là, j'ai compris quelque chose d'essentiel : caissière, tu resteras à ta place de caissière et quelle que soit la personne en face de toi, tu ne répondras pas, tu encaisseras, dans tous les sens du terme...
Depuis, je n'ai plus jamais insisté quand quelqu'un ne répondait pas à mon bonjour...
Au passage, pourquoi aujourd'hui nous émerveillons-nous lorsqu'un enfant est poli et dit bonjour à la caissière, au voisin, au passant ou à la boulangère ? Est-il devenu si rare qu'un enfant suive ce principe basique du savoir-vivre en communauté ? Je m'interroge...
Quoi qu'il en soit, j'ai toujours été sensible en caisse, lorsqu'un enfant me disait : « Bonjour madame ». Et nul besoin d'en dire plus.
Prochaine anecdote : Destruction en règle
Un minimum de savoir-vivre.
Un minimum de considération pour mon interlocuteur.
J'ai toujours en tête cette phrase de mes parents : « on dit bonjour d'abord ».
J'ai appris, j'ai apprivoisé cette loi et je l'applique toujours.
Et puis, dire « bonjour », « merci » ou « au revoir » n'a jamais écorché la langue de quiconque.
Du moins, c'est ce que je pensais...
Je ne travaillais pas depuis très longtemps dans la grande distribution et je croyais encore naïvement que les personnes que je croisais étaient à peu près toujours agréables. Ha, la jeunesse nous berce de bien des illusions.
C'était un après-midi, une journée de dingues. Il y avait une foule de clients à n'en plus finir.
C'est une de ces journées où l'on comprend que notre travail est un travail à la chaîne :
Bonjour, scannage des articles, paiement, merci, au revoir.
Et hop, client suivant.
Cela devient complètement machinal, on se sent un peu abruti par l'exécution de ces mouvements mille fois répétés, ces paroles dites et redites qui perdent peu à peu leur sens mais je n'en oubliais pas pour autant ce principe essentiel du « bonjour ».
Et je me souviens.
Une femme passe avec sa fille. La mère apparaît tout de suite autoritaire.
Moi : Bonjour
Elle : Alors vous voyez, j'ai un bon de réduction
Moi : Bonjour
Elle : Et donc, je veux que
Moi : (je la coupe) Bonjour
Elle me lance un regard noir !
Moi : (je soutiens son regard - réponds sèchement certainement) On dit bonjour d'abord.
Oui, parole déplacée.
Oui, parole qui aurait dû rester au fond de ma gorge et surement pas passer la ligne fatidique de mes lèvres.
Car oui, La caissière ne doit jamais répondre au client.
Et oui, c'est un principe que nul employé de caisse (et de rayon) ne doit ignorer.
Oui mais voilà, cet après-midi là, ces gestes tellement mécanisés, abrutissants au possible m'ont doucement fait glisser vers une révolte intérieur où l'envie de garder ce statut d'humain face au client était devenue très forte.
Le silence des uns, les coups d'oeil assassins des autres qui ne supportent plus l'attente en caisse, les remarques cinglantes à cause de prix qui ne passent pas, et tant d'autres piques m'ont fait bouillir à petit feu.
Et cette femme, apparemment bourrée de principes, sa tenue vestimentaire et physique, sa façon de parler, sa fille bien sage... tout me portait à croire que c'était une personne qui avait appris à bien se conduire en société. Cette femme me toisait du haut de ses talons chics sans seulement prêter attention à la personne qui était en face d'elle.
Alors cette remarque que ma mère m'a bien des fois répétées est sortie. Sans réfléchir.
Évidemment, la cliente a été très vexée.
Évidemment, elle m'a passé un savon.
Évidemment, elle a crié au scandale en hurlant à qui voulait l'entendre que je l'avais humiliée devant sa fille.
Je vous passerai les détails sur la suite de cette histoire car là n'est pas l'important et n'ont aucun intérêt ici.
À partir de ce jour-là, j'ai compris quelque chose d'essentiel : caissière, tu resteras à ta place de caissière et quelle que soit la personne en face de toi, tu ne répondras pas, tu encaisseras, dans tous les sens du terme...
Depuis, je n'ai plus jamais insisté quand quelqu'un ne répondait pas à mon bonjour...
Au passage, pourquoi aujourd'hui nous émerveillons-nous lorsqu'un enfant est poli et dit bonjour à la caissière, au voisin, au passant ou à la boulangère ? Est-il devenu si rare qu'un enfant suive ce principe basique du savoir-vivre en communauté ? Je m'interroge...
Quoi qu'il en soit, j'ai toujours été sensible en caisse, lorsqu'un enfant me disait : « Bonjour madame ». Et nul besoin d'en dire plus.
Prochaine anecdote : Destruction en règle
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