365 jours - 52 semaines - 12 mois... quelle année !

(J'adore cette illustration de NoTTo, on se croirait dans une pub de propagande ^_^)
Un an de blog.
Un an d'écriture sur ce métier de caissière.
Un an et un changement de vie.
29/04/07 : ouverture du blog, un soir un peu par hasard. Sur un coup de tête, je crée « caissière no futur », je trouve le terme amusant, un brin punk, un peu provocateur.
Je commence à écrire quelques articles sur les notions du métier et j'ouvre très vite la rubrique anecdotes au fil des caisses.
Je me fixe une ligne éditoriale dès le départ : raconter avec humour le quotidien, réhumaniser un métier trop souvent mal perçu, faire rire les lecteurs pour mieux faire réagir. Des textes sans prétention, juste du vécu.
Les semaines passent et un intérêt naît pour ces histoires de caisse. Je découvre avec ravissement qu'il suffit d'expliquer certaines petites choses pour redonner un regard plus bienveillant sur mon métier.
Moi qui m'étais dit que si je parvenais à faire changer le regard de quelques personnes sur les caissières, je voyais que je pourrais atteindre mon but. Mais j'étais loin d'imaginer que tout cela irait bien plus loin.
Les mois filent, les mails de bien des collègues sont autant de petits trésors. On se reconnaît tous à travers ces histoires, on vit la même chose. On parvient à rire de certaines mésaventures et à prendre de la distance. C'est un exutoire, un bon moyen de se sentir mieux à son travail au quotidien.
En même temps, en tant que client, on s'amuse aussi de ces instants de vie, parfois on croit lire des caricatures, mais non, c'est simplement une description. On se reconnaît aussi avec certains petits défauts, on en sourit.
Septembre
De mon côté, mes recherches d'emploi n'aboutissent pas. Une lassitude de mon boulot. L'envie aussi de trouver un poste qui mobiliserait un peu mes connaissances acquises au fil de mes études.
Une décision s'impose, je veux démissionner. Mon mari me soutient dans cette démarche. Je partirai début janvier, avec mon 13e mois et mon solde tout compte, ça nous permettra à la maison de garder l'équivalent de mon salaire de caissière quelques mois si je ne trouve pas un boulot rapidement.
Décembre
Et tout bascule. Un journaliste (du Télégramme) me contacte. Il trouve la démarche de ce blog intéressante, différente. Il voudrait écrire un article sur mon histoire, sur mon blog. On discute un moment, j'accepte à condition de garder l'anonymat. L'article est publié quelques jours plus tard. Mais, je n'avais pas pensé à une chose, des « Anna, 28 ans, DEA de Littérature française, caissière à Rennes » il n'y en pas beaucoup... Du coup, à mon boulot, on devine que c'est moi. Et surprise de taille, à l'hypermarché, on apprécie mon blog.
Journaux et magazines, radios et télés s'enchâinent les semaines suivantes.
Plusieurs éditeurs entrent en contact avec moi et s'intéressent à ce projet.
Bon, il y en a quand même un qui m'a tenu des propos qui m'ont un peu estomaquée... Depuis l'ouverture du blog, je défends le fait que la caissière n'est pas idiote et qu'elle est dans la vie bien plus qu'un automate. Et cet éditeur me balance : « Bon, vous comprenez. Pour votre livre, les caissières ne seront pas vos lecteurs. Elles ne lisent pas beaucoup. »
... gros blanc...
Je crois que celui-là n'a rien compris et n'avait même pas pris la peine de lire quelques articles du blog.
Un autre éditeur aurait bien aimé tirer de ce blog une satire sociale, une critique acerbe envers la grande distribution.
Une fois encore, ce n'était pas mon but.
Je rencontre alors un éditeur de Stock, le courant passe de suite, on a une vision similaire du texte à venir : l'envie d'écrire un livre qui garderait le même ton léger du blog, le format chroniques, sortes d'instantanés de la vie quotidienne de supermarché.
Et puis, c'est une maison d'édition dont j'apprécie énormément les livres qui y paraissent. Le rêve de voir mon nom en haut d'un livre de cette maison !
Aujourd'hui, le livre est terminé, les dernières corrections ont été apportées.
Il sort en librairie dans un peu plus d'un mois (le 4 juin).
Le temps me paraît s'étirer... Et j'attends avec une impatience grandissante le jour où je verrais l'objet en face de moi.
Un an, un bilan au-delà de toutes mes espérances.
Une évolution que je n'aurais jamais imaginé.
Une belle aventure qui ne fait que commencer...
Je profite de cette note pour préciser une chose qui a souvent été comprise de travers.
Je n'ai pas démissionné suite à la médiatisation du blog.
Je n'ai pas démissionné pour reprendre mes études.
Je n'ai pas démissionné suite à une proposition de maison d'édition.
Je n'ai pas démissionné suite à une pression quelconque de la part de mon patron.
Ma démission n'a rien à voir avec ce blog. Je croyais plutôt galérer des mois en interim...
Le hasard a voulu que mon départ de cette entreprise se passe juste au bon moment. L'explosion médiatique a réellement démarré la semaine qui a suivi ma démission. Tout s'est enchaîné merveilleusement bien pour moi.
Le hasard fait parfois bien les choses.
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