Oh mon panier, tu es le plus beau des paniers
Les paniers mis à disposition des clients sont l'objet de bien des convoitises.
En plastique ou en métal, ils sont généralement gris, bleu, rouge, vert ou jaune.
Ils ont une poignée, parfois deux.
Certains ont même des roulettes et se transforment en mini-caddie.
Tous les clients les prennent au moins de temps en temps pour effectuer quelques menus achats.
Quand ils arrivent dans la grande surface, ils les trouvent généralement du premier coup d'oeil, mis à disposition juste à côté de l'entrée. Les paniers attendent nonchalamment qu'un client prenne celui qui est en haut de la pile.
D'un oeil distrait, le client apercevra parfois un(e) employé(e) pousser un tas de ces paniers vers l'entrée.
- Poussez madame. Poussez ! Ça vient, je vois le bout !
Oui, le bout de l'allée n'est plus qu'à quelques mètres, il est temps car le tas de paniers a dépassé les 2m50 de haut et la tour commence à tanguer dangeureusement.
Les derniers pas et les 50 (ou 60, 70...) paniers atteignent tant bien que mal leur place pour être ensuite délicatement (ou sauvagement, c'est selon) récupérés par les clients venus faire leurs courses en s'engageant sur le parcours du combattant spécial commissions.
Vous avez été désignée pour faire le tour de paniers ce samedi après-midi ? Vous sautez de joie ? On dirait que c'est la première fois qu'on vous donne cette tâche à accomplir... Oui ? Je m'en doutais.
Savez-vous ce qui vous attend ? Non, pas vraiment ? Alors laissez-moi vous expliquer.
Vous êtes dans un petit magasin ? Il n'y a que quelques caisses, alors, ça va, les paniers qui s'empilent en bout de caisse ne sont pas très nombreux et cela ira vite pour les ramasser et les ramener à côté de l'accueil. En contrepartie, vous serez tenue de faire le tour très souvent car les paniers n'étant pas nombreux, ils se retrouveront presque tout le temps au bout des caisses...
Vous êtes dans une grande surface ? Il y a : 30, 40 ou 50 caisses ? Alors, bon courage ! Vous allez vite comprendre pourquoi.
Au début, vous trouvez ça rigolo de vous promener au bout des caisses et de récupérer tous ces paniers multicolores (ho, c'est beau!) qui attendent impatiemment qu'on les ramène à l'entrée pour qu'ils puissent de nouveau servir de contenant pour toutes ces marchandises, qui elles aussi, attendent impatiemment dans les rayons pour aller se promener dans les paniers / caddies puis découvrir le vaste monde jusqu'au placard ou le frigo du client.
Vous jetez un oeil sur la ligne de caisse. Vous découvrez qu'il y a des tas de paniers qui s'empilent. Joie, la partie va commencer et vous aller pouvoir jouer votre rôle de ramasseuse de balles, pardon de paniers. Vous récupérez au passage un petit chariot à roulettes (quand il y en a un et que vous parvenez à le trouver) qui vous permettra d'empiler un maximum de paniers lors de votre tour au bout des caisses.
Ravie de vous dégourdir les jambes vous parcourez toute la longueur du magasin pour atterrir à la caisse 1 et commencer à ramasser les paniers. Aux premières caisses, il ne sont pas nombreux, vous arrivez rapidement à la caisse 10 (déjà le quart de la ligne parcourue! Vous vous dites que ça va super vite). Tiens, on dirait que les tas de paniers qui s'entassent sont de plus en plus hauts.
Ha, la vision d'horreur ! La caisse moins de 10 articles ! Là, ce n'est pas un tas de paniers qui vous attend mais un champ de bataille. Les paniers s'éparpillent un peu partout : devant, dessous, derrière et à côté de la caisse. À vous de vous débrouiller pour tout récupérer au plus vite sans gêner les clients qui se bousculent (on est samedi après-midi, ne l'oubliez pas!) et qui hésitent à vous laisser passer (ils risqueraient bien de perdre leur tour...). Mais vous êtes un ange de patience et à coups de « pardon », « excusez-moi », « s'il-vous-plaît », « merci », vous parvenez à récupérer toutes ces petites victimes de la caisse – de 10 tout en gardant votre sourire pour chaque client qui maugrée lorsque vous lui demandez de se pousser.
Vous continuez d'avancer et votre pile de paniers commence à atteindre des sommets.
Caissse 13, seulement 3 paniers à récupérer. Oui, mais voilà, votre tour a déjà atteint 2 mètres (vous ne mesurez qu'1 m 60 ? Aïe...) et vous avez du mal à atteindre le haut ? Allez, on ajoute encore ces 3 petits paniers et on file à l'entrée du magasin pour les remettre à disposition des clients.
En vous mettant sur la pointe de pieds, vous parvenez, non sans mal, à les ajouter. Vous êtes fière de vous. Puis, vous avancez d'un bon pas car vous vous rendez compte que vous devrez faire encore plusieurs tours avant de parvenir à accomplir votre tâche.
La tour est haute et vous ne voyez pas très bien où vous avancez. Vous apercevez un caddie qui stationne quelques mètres devant, vous parvenez à faire prendre un virage serré à votre tour de paniers, malheureusement, vous avez mal négocié la tangente et votre pile penche dangeureusement. Vous tentez de rattraper le coup en virant à droite puis à gauche puis encore à droite. Peine perdue, c'est encore pire. La chute est inévitable.
Un grand patatras plus tard.
Vous êtes rouge de honte de vous être laissée berner par un tas de paniers. Les clients vous regardent, interloqués, quelques collègues qui passent par là sont hilares...
Vous vouliez faire un excès de zèle en construisant une tour de Babel trop haute pour vous ? Au moins, vous ne vous ferez pas avoir deux fois. Une caissière vient fous filer un coup de main pour vous aider à récupérer les victimes éparpillées sur plusieurs mètres. Elle vous dit en se marrant que tout le monde se fait avoir au moins une fois. Eh oui, on se croit toujours plus malin que les autres et on pense qu'on pourra gérer une pile plus ou moins en équilibre de 2 mètres de haut sans aucun souci... Mais on oublie trop souvent que la ligne de caisse n'est pas une grande ligne droite, mais au contraire, qu'elle est semée d'embûches.
Vous reconstruisez votre pile, en enlevant quelques paniers histoire de ne pas vous retrouver avec un tas peu maniable.
Et lorsque tant bien que mal vous êtes parvenue à bon port, sans cogner contre un seul chariot, ni écraser de pieds ou pousser une mamie... Vous vous sentez enfin maîtresse de la tour de paniers et vous vous gonflez de fierté ?
C'est toujours à ce moment là qu'un client vous saute dessus et vous arrache un panier en maugréant :
- C'est toujours pareil, y a jamais de paniers ici.
Merci ? Pardon ? S'il vous plaît ? Ha faut pas pousser ! C'est déjà assez dur de devoir attendre que la caissière ait apporté des paniers à l'entrée du magasin.
Une solution à ce passage à vide ? Peut-être...
Le client arrache le panier de la pile ? Retenez l'objet du délit et regardez le client droit dans les yeux. Celui-ci devrait soutenir votre regard (le sien sera noir forcément).
Et avec un sourire, dites :
- Qu'est ce qu'on dit ?
Avec beaucoup de chance il vous dira merci... Il risque surtout de vous envoyer balader... Mais ça vaudrait le coup d'essayer non ?
Caissière, un métier qui permet de refaire l'éducation du consommateur.
À suivre...
(ce n'était qu'un premier aperçu, vous allez découvrir qu'il y a plein d'histoires charmantes que l'on se raconte au coin du feu les soirs de veillées, tout cela grâce aux paniers!)
Prochaine anecdote : leçon de galanterie à la station service
En plastique ou en métal, ils sont généralement gris, bleu, rouge, vert ou jaune.
Ils ont une poignée, parfois deux.
Certains ont même des roulettes et se transforment en mini-caddie.
Tous les clients les prennent au moins de temps en temps pour effectuer quelques menus achats.
Quand ils arrivent dans la grande surface, ils les trouvent généralement du premier coup d'oeil, mis à disposition juste à côté de l'entrée. Les paniers attendent nonchalamment qu'un client prenne celui qui est en haut de la pile.
D'un oeil distrait, le client apercevra parfois un(e) employé(e) pousser un tas de ces paniers vers l'entrée.
- Poussez madame. Poussez ! Ça vient, je vois le bout !
Oui, le bout de l'allée n'est plus qu'à quelques mètres, il est temps car le tas de paniers a dépassé les 2m50 de haut et la tour commence à tanguer dangeureusement.
Les derniers pas et les 50 (ou 60, 70...) paniers atteignent tant bien que mal leur place pour être ensuite délicatement (ou sauvagement, c'est selon) récupérés par les clients venus faire leurs courses en s'engageant sur le parcours du combattant spécial commissions.
Vous avez été désignée pour faire le tour de paniers ce samedi après-midi ? Vous sautez de joie ? On dirait que c'est la première fois qu'on vous donne cette tâche à accomplir... Oui ? Je m'en doutais.
Savez-vous ce qui vous attend ? Non, pas vraiment ? Alors laissez-moi vous expliquer.
Vous êtes dans un petit magasin ? Il n'y a que quelques caisses, alors, ça va, les paniers qui s'empilent en bout de caisse ne sont pas très nombreux et cela ira vite pour les ramasser et les ramener à côté de l'accueil. En contrepartie, vous serez tenue de faire le tour très souvent car les paniers n'étant pas nombreux, ils se retrouveront presque tout le temps au bout des caisses...
Vous êtes dans une grande surface ? Il y a : 30, 40 ou 50 caisses ? Alors, bon courage ! Vous allez vite comprendre pourquoi.
Au début, vous trouvez ça rigolo de vous promener au bout des caisses et de récupérer tous ces paniers multicolores (ho, c'est beau!) qui attendent impatiemment qu'on les ramène à l'entrée pour qu'ils puissent de nouveau servir de contenant pour toutes ces marchandises, qui elles aussi, attendent impatiemment dans les rayons pour aller se promener dans les paniers / caddies puis découvrir le vaste monde jusqu'au placard ou le frigo du client.
Vous jetez un oeil sur la ligne de caisse. Vous découvrez qu'il y a des tas de paniers qui s'empilent. Joie, la partie va commencer et vous aller pouvoir jouer votre rôle de ramasseuse de balles, pardon de paniers. Vous récupérez au passage un petit chariot à roulettes (quand il y en a un et que vous parvenez à le trouver) qui vous permettra d'empiler un maximum de paniers lors de votre tour au bout des caisses.
Ravie de vous dégourdir les jambes vous parcourez toute la longueur du magasin pour atterrir à la caisse 1 et commencer à ramasser les paniers. Aux premières caisses, il ne sont pas nombreux, vous arrivez rapidement à la caisse 10 (déjà le quart de la ligne parcourue! Vous vous dites que ça va super vite). Tiens, on dirait que les tas de paniers qui s'entassent sont de plus en plus hauts.
Ha, la vision d'horreur ! La caisse moins de 10 articles ! Là, ce n'est pas un tas de paniers qui vous attend mais un champ de bataille. Les paniers s'éparpillent un peu partout : devant, dessous, derrière et à côté de la caisse. À vous de vous débrouiller pour tout récupérer au plus vite sans gêner les clients qui se bousculent (on est samedi après-midi, ne l'oubliez pas!) et qui hésitent à vous laisser passer (ils risqueraient bien de perdre leur tour...). Mais vous êtes un ange de patience et à coups de « pardon », « excusez-moi », « s'il-vous-plaît », « merci », vous parvenez à récupérer toutes ces petites victimes de la caisse – de 10 tout en gardant votre sourire pour chaque client qui maugrée lorsque vous lui demandez de se pousser.
Vous continuez d'avancer et votre pile de paniers commence à atteindre des sommets.
Caissse 13, seulement 3 paniers à récupérer. Oui, mais voilà, votre tour a déjà atteint 2 mètres (vous ne mesurez qu'1 m 60 ? Aïe...) et vous avez du mal à atteindre le haut ? Allez, on ajoute encore ces 3 petits paniers et on file à l'entrée du magasin pour les remettre à disposition des clients.
En vous mettant sur la pointe de pieds, vous parvenez, non sans mal, à les ajouter. Vous êtes fière de vous. Puis, vous avancez d'un bon pas car vous vous rendez compte que vous devrez faire encore plusieurs tours avant de parvenir à accomplir votre tâche.
La tour est haute et vous ne voyez pas très bien où vous avancez. Vous apercevez un caddie qui stationne quelques mètres devant, vous parvenez à faire prendre un virage serré à votre tour de paniers, malheureusement, vous avez mal négocié la tangente et votre pile penche dangeureusement. Vous tentez de rattraper le coup en virant à droite puis à gauche puis encore à droite. Peine perdue, c'est encore pire. La chute est inévitable.
Un grand patatras plus tard.
Vous êtes rouge de honte de vous être laissée berner par un tas de paniers. Les clients vous regardent, interloqués, quelques collègues qui passent par là sont hilares...
Vous vouliez faire un excès de zèle en construisant une tour de Babel trop haute pour vous ? Au moins, vous ne vous ferez pas avoir deux fois. Une caissière vient fous filer un coup de main pour vous aider à récupérer les victimes éparpillées sur plusieurs mètres. Elle vous dit en se marrant que tout le monde se fait avoir au moins une fois. Eh oui, on se croit toujours plus malin que les autres et on pense qu'on pourra gérer une pile plus ou moins en équilibre de 2 mètres de haut sans aucun souci... Mais on oublie trop souvent que la ligne de caisse n'est pas une grande ligne droite, mais au contraire, qu'elle est semée d'embûches.
Vous reconstruisez votre pile, en enlevant quelques paniers histoire de ne pas vous retrouver avec un tas peu maniable.
Et lorsque tant bien que mal vous êtes parvenue à bon port, sans cogner contre un seul chariot, ni écraser de pieds ou pousser une mamie... Vous vous sentez enfin maîtresse de la tour de paniers et vous vous gonflez de fierté ?
C'est toujours à ce moment là qu'un client vous saute dessus et vous arrache un panier en maugréant :
- C'est toujours pareil, y a jamais de paniers ici.
Merci ? Pardon ? S'il vous plaît ? Ha faut pas pousser ! C'est déjà assez dur de devoir attendre que la caissière ait apporté des paniers à l'entrée du magasin.
Une solution à ce passage à vide ? Peut-être...
Le client arrache le panier de la pile ? Retenez l'objet du délit et regardez le client droit dans les yeux. Celui-ci devrait soutenir votre regard (le sien sera noir forcément).
Et avec un sourire, dites :
- Qu'est ce qu'on dit ?
Avec beaucoup de chance il vous dira merci... Il risque surtout de vous envoyer balader... Mais ça vaudrait le coup d'essayer non ?
Caissière, un métier qui permet de refaire l'éducation du consommateur.
À suivre...
(ce n'était qu'un premier aperçu, vous allez découvrir qu'il y a plein d'histoires charmantes que l'on se raconte au coin du feu les soirs de veillées, tout cela grâce aux paniers!)
Prochaine anecdote : leçon de galanterie à la station service
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