"Je ris de me croire si drôle en ce miroir" (blague 1)
Rabelais avait fait dire à
son personnage Gargantua que « le rire est le propre de l'homme ». Cette maxime est souvent mise à contribution dans les conversations, et ce, même entre intellectuels (rire pincé « hu
hu »). Cependant, entre rire, avoir le sens de l'humour et être drôle, il y a un fossé de plusieurs mètres. Malheureusement, certains l'ont mal mesuré et tentent régulièrement de faire rire les
gens avec des blagues qui sont loin d'être drôles. Bien souvent, ces derniers esquisseront un sourire qui s'avère être plutôt un sourire de compassion ou de moquerie.
Et oui ! Etre drôle n'est pas à la portée de monsieur tout le monde...
Le passage en caisse est souvent un moment qui n'est pas très agréable pour le client. Il doit certainement chercher à dédramatiser le fait que son compte en banque se vide au fur et à mesure que
son chariot se remplisse... Et l'humour est un bon défouloir (il y a aussi la colère ou l'arrogance c'est vrai)
Petit florilège de blagues choisies, humour spécial caisse
L'après-midi est calme et il est vrai que peu de caissières sont occupées. On attend patiemment qu'un client arrive.
Et quand arrivent quelques clients, certains se croient plus malins que d'autres, cela offre des petites phrases maintes fois répétées.
Ainsi, dans l'heure, j'aurais comptabilisé :
5 fois : « Vous êtes ouverte ? » (cf article : top 3 des questions posées en
caisse)
8 fois : « Vous avez l'air de vous ennuyez ! »
7 fois : « Je vais vous faire travailler ! »
3 fois : « Vous m'attendiez ? »
Ce a quoi, j'aurais bien évidemment répondu :
5 fois : « Moi non, ma caisse oui. »
8 fois : « Du tout, j'adore rester à ne rien faire. C'est tout un art de vivre. »
7 fois : « Ce n'est pas nécessaire, j'aime bien attendre. »
3 fois : « Bien sûr, je suis venue exprès pour ne passer que vos courses. »
Ou de temps à autre, j'aime aussi dire aux gens : « Non, non. C'est fermé. Je ne suis payée que pour faire de la figuration. »
Ce qui me surprend toujours, c'est que généralement, les gens se trouvent drôles avec leurs petites blagues 1000 fois entendues.
Ça me fait penser à une réflexion que j'ai lu dans un roman de science-fiction (j'ai oublié le titre depuis longtemps par contre) où des voyageurs intersidéraux découvraient le sol d'une planète
et un grand lac noir où systématiquement, les personnes, croyant faire un bon mot d'esprit, s'exclamaient : « Oh ! Regardez, on dirait un café crème. » L'équipage, blasé, ne détournait même plus
le regard, au grand dam du voyageur.
Certes, la grande surface n'est pas un vaisseau et la caissière n'est pas un lac, mais la réflexion du client / voyageur a le même but : vouloir étonner / amuser son auditoire, qui a déjà entendu
la même tirade des centaines de fois...
Quand on se place du côté caisse, on repère tout de suite les nouvelles et les anciennes caissières.
Quand on débarque dans le monde merveilleux de la caisse, les yeux plein d'étoiles, on s'étonne de tout (ou presque) et les gens qui sortent ce genre de blagues, ça fait rire... ça amuse.
Le temps passe, les semaines filent et les mêmes blagues reviennent encore. On devient doucement condescendantes et l'on sourit encore, aimablement.
Puis, un jour, le dernier cap est franchi et l'on est loin de l'amusement des premiers jours, on est juste devenues indifférentes.
Allez messieurs (car ce sont surtout les hommes qui essaient de faire rire les caissières), je suis persuadée que vous avez de quoi nous sortir des petites blagues que nous n'avons pas encore entendues, ce sont celles-là que j'attends toujours avec délice.
Prochaine anecdote : Suite des blagues à 2 francs 6 sous